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Michel Barnier confronté à la menace grandissante d’une censure du RN à l’Assemblée nationale

Comme pour défier le danger, Michel Barnier a convié celle qui pourrait être fatale à son destin. Lundi 25 novembre au matin, Marine Le Pen devrait être reçue par le premier ministre à Matignon. L’ex-commissaire européen de 73 ans, réputé pour ses talents de négociateur éprouvés lors du Brexit, pense-t-il, grâce à ce rendez-vous, dissuader la présidente des députés du groupe Rassemblement national (RN), de le faire tomber, lui et son gouvernement ? Voilà quelques jours que la dirigeante d’extrême droite, au cœur d’un procès pour détournement de fonds européens, brandit la menace d’une censure de l’exécutif à même de plonger le pays dans l’inconnu.
Le scénario est déjà écrit par le RN : entre le 18 et le 20 décembre, le premier ministre pourrait avoir à déclencher l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter, sans vote du Parlement, le budget 2025 visant à faire économiser au pays 60 milliards d’euros. Le parti d’extrême droite donnerait alors le baiser de la mort en apportant ses voix (140 en incluant celles des élus d’Eric Ciotti) à une censure déposée par l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP, 192 députés). Le gouvernement de Michel Barnier serait renversé.
« C’est devenu inévitable », juge le député européen Philippe Olivier, proche conseiller de Marine Le Pen. « L’intérêt c’est de bloquer un cinquante et unième budget de faillite et un gouvernement de bons à rien qui suit la même ligne politique que Borne et Attal [les deux précédents premiers ministres d’Emmanuel Macron] », appuie Jean-Philippe Tanguy, député (RN) de la Somme et fidèle de l’élue du Pas-de-Calais.
Bluff ? Les ministres, tout comme Michel Barnier, semblent avoir intégré l’hypothèse funeste. Le 19 novembre, interrogée sur France Inter, Catherine Vautrin (chargée des territoires), ponctue ses phrases d’un « si nous sommes encore là en début d’année ». Le chef du gouvernement, lui, feint la résignation. « Je suis prêt à partir demain matin si les conditions ne sont plus réunies (…) pour réformer ce pays », a-t-il prévenu, le 15 novembre, sur France Bleu, rappelant qu’il ne s’est pas « roulé par terre » pour avoir son poste.
« Michel Barnier a conscience de la précarité de sa situation. Il vit avec cette épée de Damoclès », relativise un conseiller de Matignon. Dès sa nomination, le 5 septembre, l’ex-commissaire européen était décrit comme « sous surveillance » de l’extrême droite. Le parti lepéniste dispose du plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale, quand lui et son « socle commun » (la droite et le centre) n’ont pas de majorité. « Rien ne peut se faire sans le RN », fanfaronnait, le 7 septembre, Jordan Bardella, président du parti.
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